« Le renforcement de capacité doit être pris au sérieux par tous les gouvernements », affirme Claude Sinzogan

En prélude des assises de la 22e session annuelle du conseil des gouverneurs de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), la capitale gabonaise a abrité un forum de haut niveau animé par les experts africains de cet organisme. Administrateur principal de programmes ACBF région Afrique de l'Ouest et Afrique centrale, Claude Sinzogan revient sur les objectifs de cette réunion et porte un regard sur l'impact des projets financés sur le continent.


Quel est l'objet du forum de haut niveau auquel vous participez aujourd'hui ?

« Cette séance de travail vise deux objectifs à savoir : partager les expériences entre les centres d'analyses de politiques économiques appuyés par l'ACBF et partager les expériences de programmes de formation appuyés par la Fondation, notamment les programmes en gestion de politiques économiques et les programmes de formation en management du secteur public.

Quelle appréciation faites-vous des projets financés par l'ACBF dans les pays africains ? Quelles sont les retombées sur le terrain ?

C'est la satisfaction qui se dégage de manière générale car en 20 ans, nous avons beaucoup progressé. En ce qui concerne le nombre de projets, il s'est accru et multiplié par cinq et aujourd'hui, nous avons plus de cent projets appuyés par l'ACBF. En termes de qualité des travaux, nous avons des projets dont la reconnaissance est devenue mondiale, puisqu'ils sont classés parmi les meilleurs projets dans le monde ; notamment le centre d'analyses des politiques économiques de Côte d'Ivoire, qui fait partie des vingt meilleurs projets du monde. Nous avons aussi le "Kipra", qui est un projet d'analyse de politique public basé à Nairobi, au Kenya. L'ACBF est fière de savoir qu'il détient les meilleures places dans un classement qui n'est pas réalisé par lui. Cela veut concrètement dire que ces projets-là apportent quelque chose dans l'espace où ils évoluent.

Quel est l'impact de l'implication de l'ACBF dans la formulation des politiques publiques en Afrique ?

Le premier impact est le changement que nous observons au niveau de la qualification des ressources humaines, notamment en économie. C'est vrai que l'échantillon n'est pas grand, mais nous avons quelques économistes qui ont fait leurs preuves en termes de publication, de participation et d'animation de la vie politique de leur pays. Le second impact est que l'ACBF a montré que le renforcement de capacités est un agenda qui doit être pris au sérieux par tous les gouvernements. Sans un renforcement de capacités de nos pays, on ne peut pas prétendre à une croissance de l'Afrique.

L'ACBF a financé un peu partout en Afrique, des programmes de renforcement de capacité en matière de gestion et des contrôles de finances publiques. Pourtant la bonne gouvernance n'est toujours pas la chose la mieux partagée en Afrique. Est-ce la faute au programme proposé par l'ACBF ?

Pas du tout ! C'est plutôt l'insuffisance de la masse des personnes formées qui fait défaut. Nous n'avons pas encore atteint la masse critique. Mais nous nous réjouissons d'avoir formé plusieurs cadres de haut niveau et nous espérons que nous allons atteindre une certaine masse critique et, surtout, que ce personnel prendra ses responsabilités dans le cadre de nos pays africains. Car, il est une chose de faire une étude, de faire des recommandations, mais il en est une autre d'exécuter sa mise en oeuvre. Si cela n'est pas réalisé par vous-mêmes, vous ne pouvez pas prétendre atteindre les objectifs escomptés. Notre souhait est que ceux qui participent au renforcement de capacités de nos projets, s'impliquent davantage dans la mise en oeuvre de ces outils dans leurs pays respectifs».