Infrastructures routières : un enjeu vital pour l’intégration régionale



L’intégration physique de la Cemac et l’optimisation de son marché requiert une infrastructure de transport qui permette une bonne mobilité de personnes et des biens. Dans ce domaine, la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) était très faiblement pourvue, avec l’enclavement ou l’insularité de plusieurs Etats ou régions. Surtout que la région est située dans un environnement contraignant constitué des forêts denses et d’un réseau hydrographique très ramifié qui renchérit les coûts des investissements.Bâtir une économie, dynamique, prospère, compétitive et compatible avec les exigences de la mondialisation constitue la priorité de toutes les nations.  Cette ambition exige des industries de transformation performantes, une réelle diversification de l’économie, une main d’oeuvre qualifiée, des infrastructures de base de qualité, etc. Chacune de ces exigences nécessite des lourds investissements que ne peuvent supporter plusieurs de pays, surtout ceux considérés comme pauvres.Face aux contraintes liées aux coûts de tels investissements, l’intégration régionale apparait comme un moyen efficace pour créer des ensembles économiques viables, dont l’objectif est de promouvoir le développement sur l’ensemble des pays de la communauté, grâce à la mutualisation des moyens et grâce au bénéfice qu’elle tire du commerce international. C’est tout le sens de la création de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC).

S’il est indiscutable que la CEMAC dispose d’énormes ressources naturelles dont la transformation sur place constituerait une des clés de son  développement, cet essor dépend en grande partie de la viabilité du réseau routier. En effet, la route contribue non seulement à désenclaver les Etats et régions mais participe, activement, à l’intensification des échanges intra-communautaires et l’intégration des populations des pays membres de la communauté.

L’idéal poursuivi par l’intégration économique dans  l’approche régionale est certes de promouvoir le développement de l’ensemble des territoires des Etats membres, mais surtout de proposer des plans de développement qui puissent permettre un développement équilibré de tous les pays membres. Bien sûr, la recherche d’un tel équilibre peut s’avérer difficile dans la mesure où chaque Etat entre dans la communauté avec ses forces et ses faiblesses et que l’accent est davantage mis sur la promotion de ces atouts.

Cette approche n’est pas une faiblesse en soi dans la mesure où les retombées du développement  des richesses ou ressources dans des pays ou régions spécifiques profitera à l’ensemble des pays, régions et territoires de la Communauté, grâce au mécanisme de convergence économique.

 Grâce à ce mécanisme, les pays membres de la zone peuvent tirer divers avantages de l’intégration régionale De ce fait, les investissements réalisés dans ce cadre permettent de désenclaver les Etats et régions enclavés, surtout ceux et celles dépourvues de littoral, à travers le réseau routier.

L’une de grandes contraintes auxquelles fait face les économies de la CEMAC, c’est sans conteste la faible densité de leur réseau routier qui limite la circulation des personnes et des marchandises. Dans ces conditions, ces régions ne peuvent attirés des capitaux. C’est sans doute pour cette raison que les Etats s’efforcent de se doter des infrastructures de transports, en particulier la route, pour accroitre la mobilité de personnes et des biens sur l’ensemble du territoire. Bien que disposant d’une longue façade maritime qui va du Congo au Cameroun en passant par la Guinée Equatoriale, l’espace CEMAC compte néanmoins deux pays complètement enclavés, le Tchad et la République Centrafricaine(RCA). Le Tchad comme la RCA sont ravitaillés par le port de Douala qui leur sert également de port d’exportation de leurs productions. La RCA bénéficie également du concours du port de Pointe Noire au Congo. 

Les pays avec littoral éprouvent également des difficultés à désenclaver la plupart de leurs régions restées en marge de grandes voies de communication. Dans le cadre de cet objectif, le Cameroun possède le réseau routier le plus dense des pays de la communauté. Le Gabon, le Congo et surtout la Guinée équatoriale ont lancé chacun un vaste programme de construction de route pour mieux participer à  l’ouverture du marché intra-communautaire.

Pour tenir ce pari, le plan directeur consensuel de transport en Afrique Centrale (PDCT-AC), adopté conjointement par la Cemac et la CEEAC en 2004 et qui  prévoit à terme la réalisation de 14 liaisons inter-capitale, a été réalisé à 51%. Sur les 14 241 Km de route, 6008 Km sont bitumés et 1169 Km sont en cours de bitumage. Il s’agit de deux liaisons inter-capitales : Yaoundé-Libreville, Yaoundé-Bata qui sont entièrement bitumées. La liaison Yaoundé-Ndjamena le sera à l’achèvement des travaux en cours. De même sur les 1151 Km de l’axe Yaoundé-Bangui le linéaire non encore bitumé ne représente plus que 54 kilomètres en territoire centrafricain. Par ailleurs dans le cadre du plan d’action à court terme du NEPAD, la Banque Africaine de Développement a financé une étude de faisabilité sur la construction de la route qui doit relier le Sud du Cameroun c’est-à- dire Kribi-Campo-Bata, avec la construction du pont sur le Ntem entre la Cameroun et la Guinée- Equatoriale.

Les économistes de la Commission des Nations unies pour l’Afrique (CEA) sont formels : tant qu’il n’y aura pas l’accroissement massif des échanges intra-communautaires, l’attractivité du vaste marché communautaire ne sera qu’une chimère. Entre 2007 et 2008, « les exportations intra- Cemac sont passées de 1,1% à 3,3% des exportations totales de ses Etats membres et celles de la CEEAC de 0,6% à 0,5% ». Il convient de noter au passage que ces chiffres sont loin de correspondre à l’idéal recherché, à savoir que le volume du commerce intra-communautaire atteigne au moins la barre de 60% afin que l’on mesure les véritables retombées de l’intégration économique. Toutefois, cette petite progression est à mettre sans doute à l’actif de l’amélioration du réseau routier dans l’espace Cemac que dans l’espace CEEAC.